Les peintres et la montagne : la montagne de Cézanne : la Sainte Victoire

 Paul Cézanne et

La Sainte Victoire

 

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 La montagne et les peintres

Cézanne ou la sensation pure devant la nature

 

Cézanne a tenté de découvrir une nouvelle loi de la forme, mais en ne s’écartant pas autant des seuls moyens de la peinture. D’une tasse de thé, il a fait un être doué d’une âme ou plus exactement il a distingué un être dans cette tasse. Il a élevé la nature morte au rang d’objet extérieurement mort et intérieurement vivant. Il a traité les objets comme il avait traité l’homme, car il avait le don de découvrir partout la vie intérieure. (Kadinsky, Du spirituel dans l'art,)

 
«On n'a pas encore découvert que la nature est plus en profondeur qu'en surface. Car, écoutez un peu, on peut modifier, parer, bichoner la surface, on ne peut toucher à la profondeur sans toucher à la vérité. Un besoin salubre d'être vrai vous prend. On ficherai sa toile à bas, plutôt que d'inventer, d'imaginer un détail. On veut savoir… savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir . Tout en étant le premier dans mon métier, je veux être simples. Ceux qui savent sont simples.… La nature, la sensations. » [1]«Les faux peintres ne voient pas cet arbre, votre visage, ce chien, mais l’arbre, le visage, le chien. Ils ne voient rien. Rien n’est jamais le même.»[2]
«Il y a une logique colorée, par bleu. Le peintre ne doit obéissance qu’à elle. Jamais à la logique du cerveau. S’il s’y abandonne il est perdu. Toujours à celle des yeux. S’il sent juste, il pensera juste, allez. La peinture est une optique d’abord. La matière de notre art est là dans ce que pense nos yeux, la nature se débrouille toujours quand on la respecte, pour dire ce qu’elle signifie.… 

Annecy Château de Duingt

 

 

La nature j’ai voulu la copier et je n’y arrivai pas. J’avais beau chercher, tourner, la prendre dans tous les sens. Irréductible. De tous les cotés. Mais j’ai été content lorsque j’ai découvert que le soleil par exemple, ne se pouvait reproduire, mais qu’il fallait le représenter par autre chose… Par la couleur. Tout le reste les théories, le dessin qui est une logique…battarde entre l’arithmétique la géométrie et la couleur, le dessin qui est une nature morte, les idées les sensations mêmes ne sont que des détours.…  Il n’y a qu’une route pour tout rendre la couleur.[3]

  «Les plans dans la couleur, les plans! Le lieu coloré où l’âme des plan fusionne, la chaleur prismatique atteinte, la rencontre des plans dans le soleil. Je fais mes plans avec mes tons sur la palette, comprenez-vous? Il faut voir les plans … Nettement…Mais les agencer, les fondre. IL faut que ça tourne, les volumes seuls importent. De l’air entre les objet pour bien peindre. Comme de la sensation entre les idées pour bien penser.» 

«Il y a devant nous un grand être de lumière et d’amour. L’univers vacillant l’hésitation des choses. Je serai leur olympe , je serai leur dieu. L’idéal au ciel s’épousera en moi.  Les couleurs; écoutez un peu, sont la chair éclatantes des idées et de Dieu. La transparence du mystère, l’irisation des lois. Leur sourire nacré ranime la face morte du monde évanoui.»[4]`

 
 

[1]J. Gasquet, Cezanne, Paris, Bernheim-Jeune, 1921, p. 94.

[2]J. Gasquet, Cezanne, Paris, Bernheim-Jeune, 1921, p. 94.

[3] J. Gasquet, Cezanne, Paris, Bernheim-Jeune, 1921, p. 88.

[4]  J. Gasquet, Cezanne, Paris, Bernheim-Jeune, 1921, p. 93.

 
Peindre "sur le motif" et dans l'instant.
On a dit que la peinture en plein air était la grande découverte des impressionnistes. Mais tout aussi importante, pour eux, fut celle du temps qui passe, de l'instant. Leur nature n'est lus un modèle idéal. Ils ne s'y intéresse que dans ses changements, selon la lumière, le climat, l'heure. Tout ce qui est fluide, mouvant, fluctuant les fascine : neige, débâcles, mers déferlantes. Ils aiment le ciel mouillé de l'Île-de-France, les côtes normandes. Claude Monet fixe dans les "instantanés atmosphériques" la façade de la cathédrale de Rouen et passe la fin de sa vie, dans son jardin de Giverny, à saisir le mariage de la lumière et de l'eau dans le grand poème visuel des Nymphéas. Mais ce sentiment de la précarité des choses se retrouvent aussi dans les cadrages presque photographiques de Degas qui arrête le geste d'une danseuse ou dans la vulgarité du visage violemment éclairé d'une chanteuse de café-concert de Toulouse-Lautrec.

 

 

Cézanne disait aux jeunes peintres qui venaient le voir chez lui à Aix-en-Provence de "traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central". En effet le grand équilibre de ses compositions nous donne l'impression qu'elles sont conçues comme des architectures, stables et immuables. Pendant les vingt dernières années de sa vie, il s'intéressa surtout au paysage. Il peignit au moins soixante fois la montagne Sainte-Victoire, qui fut véritablement son obsession provençale. Sa vision analytique de la nature le conduisit à la création de formes qui sont presque des abstractions, à force de simplicité et de rigueur.
Une amitié profonde liait les impressionnistes. Ils se retrouvaient pour peindre, échanger des idées ou se présenter leur nouvelles connaissances. 

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