Le Vide 

comme lieu et condition 

du dialogue inter-religieux

 Auteur : François Darbois  

 

 

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Plan

Introduction 

Le Dialogue et Vatican II,  

1 - Définitions

1.1 - le vide comme 

condition, temps et espace du dialogue

1.2 - La rencontre de l’Autre 

1.2 - Le vide de soi comme condition de la rencontre 

2 - Le vide dans l' expérience spirituelle 

de l’Orient et de l’Occident 

3 - Le Christ Vide et la Vacuité Bouddhique
 

Conclusion

 

 

Bibliographie   

 

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Introduction:

 Le Dialogue et Vatican II

Le dialogue et la confrontation inter-religieuse apparaissent à la fois comme une chance et une épreuve pour le christianisme. Devenu minoritaire, il doit se plier aux mêmes obligations et exigences que les autres. Se proposer sans s’imposer, exercer une certaine fascination, rejoindre les hommes dans leurs angoisses et leurs aspirations. Certains disent : gare aux syncrétisme, au bricolage religieux aux spiritualités de bric-à-brac. Mais citant Odon Vallet on peut aussi dire "que le christianisme est lui-même le fruit de l’histoire sainte des juifs et de la philosophie grecque". Le syncrétisme n’est pas après tout que la face sombre de l’inculturation et de l’ouverture au monde.

Aujourd’hui le dialogue est obligatoire, on ne peut plus ignorer l’existence des autres religions, elles sont à notre porte, dans nos maisons, dans nos mentalités. Après l’exclusion et l’inclusion, il est temps d’entrer dans le respect et l’acceptation de l'altérité. L’église aujourd’hui demande le dialogue, sa mission est le dialogue, elle demande à tous, théologiens et simples laïcs d’entrer dans ce dialogue, dans cette rencontre et cette connaissance mutuelle. Le dialogue peut devenir un vecteur important pour la cohésion interculturelle de nos sociétés. "l'essence de la vérité est d'être en partage" et non un objet de division.

VATICAN II met fin à 20 siècles d'intolérance du christianisme, face au judaïsme, à l’Islam, à l’Orient-chrétien et au protestantisme. Cette attitude n’est pas indifférence mais respect de Dieu et des hommes. Respect de l'infini liberté de Dieu qui fait pleuvoir sur les bons comme sur les méchants. L'autre n'est plus un objet à convertir, ni un prosélyte à récupérer (Mt23,15) , mais un sujet libre avec lequel dialoguer.

La Tolérance est indispensable pour lutter et tenir contre les tempêtes et les confusions sur la liberté et la conscience (modernisme, antisémitisme, fondamentalisme exclusion violence et génocide) Tolérance et Vérité sont les deux faces d'une même problématique dans leur double rôle dans la construction du sujet  et d'un espace publique de débat. "La pure juxtaposition pluraliste ou le respect intégral et sans plus des convictions privées sont insuffisants pour assurer véritablement, à terme, la reconnaissance et le déploiement de différences, donc la tolérance." (J. Doré, Perspectives actuelles sur la tolérance, Namurr 1997, p.133-149)

Le document de Vatican II "a accompli le passage décisif d'une doctrine traditionnelle de la tolérance qui la considérait comme un opportunisme et la recommandait comme un moindre mal, à une compréhension qui en fait un droit des personnes (pas seulement en matière religieuse) et des religions (expressément visées en l'occurence). Ainsi, nous est-il dit, la perspective classique d'une tolérance d'en haut doit-elle maintenant se rapporter systématiquement à celle d'un droit d'en bas."

" NOSTRA AETATE, 2

"L’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions (le bouddhisme est mentionné explicitement dans le texte). Elle considère avec respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois elle annonce et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est la voie, la vérité et la vie (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses. Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec ceux qui suivent d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent; préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux. "

 

Redemptoris Missio n° 56

"L’Église catholique s’est engagée totalement à suivre la voie du dialogue et de la coopération avec les membres des autres religions. Le dialogue inter-religieux est un moyen précieux grâce auquel les adeptes de diverses religions peuvent découvrir les points communs de contact dans la vie spirituelle, tout en comprenant les différences qui existent entre elles. L’Église respecte la liberté des individus dans la recherche de la vérité et leur décision finale selon ce qui dicte leur conscience et à cette lumière. Elle refuse avec fermeté le prosélytisme et l’emploi de moyens de conversions contraire à l’éthique. "

Le dialogue peut se situer dans quatre domaines, soit au niveau du 

discours théologique discours philosophique
 des oeuvres, des rites de la vie  l’expérience spirituelle personnelle.

C’est à ce dernier niveau, celui de l'expérience spirituelle  que le dialogue monastique s’adresse plus particulièrement.

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1 - Définitions:

1.1 Le vide comme condition temps et espace du dialogue

Le dialogue dans le respect de l’identité de l’autre nous conduit plus à une question anthropologique qu’à des questions théologiques ou métaphysiques. Avant de savoir de quel Dieu s’agit-il, l ne faut-il pas chercher de quel Homme parlons nous? L’expérience ici, est première sur la réflexion. Avant d’être discours sur Dieu, la foi est une expérience d’homme, d’un "au-delà au dedans" d’un homme concret, d’un sujet capable de dire "Je" devant un "Tu", sans tuer l'autre, même si ce Tu se nomme Dieu. Expérience de relation avec un absolu intérieur, il nous faut donc penser l’absolu dans l’homme, non comme un absolu du bien et du mal, du vrai et du faux, c’est à dire comme un absolu d’inclusion ou d’exclusion, mais comme un absolu relationnel. Une condition pour ce dialogue est donc de passer d’un discours en troisième personne à un parole en première personne. Du rapport "Je-cela", comme nous dit Martin Buber, il nous faut passer au "Je-Tu".

Une attitude nécessaire et essentielle pour ce dialogue est l'humilité et  la pauvreté spirituelle. Or cet état de pauvreté ou de vide fait entièrement partie de l'expérience spirituelle de l'occident comme de l'orient. L’Inculturation demande une grande humilité. L’impérialisme culturel est le plus grand péché de la théologie. Les conditions de ce dialogue sont le respect de la présence de l’autre, de son discours, de l’action de l’Esprit-Saint en lui. Il nous faut prendre au sérieux les valeurs des religions traditionnelles dans le respect des personnes et des idées.

Mon propos se limitera aujourd'hui à rappeler l'enracinement de cette expérience du vide dans la tradition occidentale et orientales pour montrer qu'elle peut être le lieu d'un dialogue et d'une rencontre même si elle comporte des différences de formes, il y a là une expérience fondamentale de l'homme face au sacré. Les notions de vide et de plein ne diffèrent pas beaucoup de la notion de pauvreté spirituelle, mais il faut également les relier à celles d’être et de néant, d’apophase, d’ascèse et de kénose et de résurrection:

Sagesse et Vacuité en Orient sont les expressions pour tenter de dire une expérience proche de celle de respect de la liberté de conscience, de la relation dans la distance, différence, où silence et dialogue se conjuguent dans leurs dimensions dialogiques, la tolérance, l'intégration et le métissage. Sagesse et vacuité sont les deux sources de la paix et de l'unité dans le respect des différences..

1.1.1 Le vide comme condition de la mutation et  donc du dialogue

L'humanité vit une mutation qui est à la fois, un Vide des figures des institutions religieuses et un plein de recherche de sens. La soif de spiritualité et le déclin des institutions traditionnelles. Ne sont-elles pas une substitution réciproque de deux opposés, ultime mutation de l'ombre vers la lumière, du masculin vers le féminin. Le vide est la clé de toute mutation des opposés, centre autour duquel tourne toute communication, toute rencontre, tout dialogue.

"Or Leur mutation suppose l'intervention du vide. Faut-il alors qu'elles s'anéantissent l'une et l'autre? Non, leur substitution est le lieu de leur naissance. Elles naissent du vide, elle naissent du rien, dans la surprise d'un blanc, dans la surprise d'un noir, qui ont même valeur d'éclat, un événement surgissant."

Voyez comment s'opère ici la mutation, vous assistez en quelque sorte, du même coup à la naissance du noir et à la naissance du blanc. Je dirai à leur "co-naissance." "La question de la mutation, dans la mesure où elle exige le vide, où elle exige le rien, est un cas éminent de l'existence.

L'espace interreligieux ouvre un espace vide, un vide éclaté, un vide médiant. un problème de sens et d'identité, où chaque religion est un projet ouvert et relatif, point de départ d'une quête plutôt que possession définitive du vrai." (DM 13)

Aucune religion ne possède une identité sans faille

"L'absolu n'appartient à personne" "En tout autrui il y a de l'irréductible. A fortiori en Dieu. Le dialogue réapprend la distance et cette distance est lumière, une lumière qui ne vient pas de soi, mais justement de la parole entre nous." Par le dialogue, les chrétiens comme tous les autres croyants "marchent ensemble vers la Vérité".

"Les religions ouvrent des pistes à suivre qui n'offre aucune emprise sur la vérité du monde et de la vie. Toutes sont en contact avec une réalité absolu mais aucune n'est, elle-même absolue." Elles ouvrent un espace de jeu, elles montrent un chemin, une direction vers un Espace originaire , le lieu du tout autre qui est plutôt le " non-lieu" de l'autre. Comment alors concilier la texture subjective (historique, culturelle...) des traditions religieuses avec la reconnaissance d' une réalité objective les fondant? Comment distinguer les vérités des illusions?

Dialoguer, c'est se rendre vulnérable à une espèce de circoncision, par laquelle l'autre s'inscrit comme une blessure dans notre discours. A chaque moment la parole prête le flanc au surgissement de l'autre. qui peut culbuter tout sens jusqu'alors établi".

Le vide est une condition nécessaire pour un dialogue sans fusion ni confusion, sans séparation ni mélange. Le vide est l'espace qui permet à l'autre d'exister et ouvre un espace de liberté et de jeu de relation qui permet la rencontre de l'Autre dans une alliance fraternelle. L'enjeu du dialogue est la naissance de chacun dans l'espace du jeu de l'échange, de la liberté, du respect. La Terre promise est cet espace de la relation à l'autre, "Terre pure" dans le Bouddhisme, "paradis, enfer, ciel, le cœur", tous ces termes disent cet unique espace de liberté où la conscience de l'homme s'éveille et respire un autre air que celui de l'égo replié sur lui-même..

1.1.2 - Le lieu du dialogue: c'est l'homme-vide.

Le lieu du dialogue comme celui du religieux lui-même, c'est essentiellement l'homme. "Le lieu de Dieu, c'est l'homme." Le Dieu des trois monothéismes se révèle dans une histoire , comme l'expérience du divin dans l'expérience du désert, qui un exode, un au delà au dedans expérience du sublime de la vie et de l'histoire, qui est toujours une expérience ultime de l'homme quelque soit sa race et sa religion. Le cœur, l'esprit et le corps comme lieu de relation est le lieu du dialogue et de la rencontre entre les hommes, mais aussi le champ de bataille où Dieu Lui-même lutte en nous pour se faire une place. C'est lui qui crée le vide qu'il veut combler. Le silence est aussi un chemin de dialogue, il en est une des étapes essentielles.

Si le Christ s'est vidé, c'est que "l'espace vide est l'espace rempli de lumière" espace du jeu et de la liberté de l'interprétation. Le Christ-Vide est le chemin, la vérité, la vie de l'esprit, de l'amour. Cette expérience du Christ est une parfaite vacuité.  "L'évangile est une blessure dont la tradition veut guérir!" Cette blessure n'est-elle pas un vide créateur que la foi veut toujours combler.

Le Vide est le lieu en l'homme où peut naître ce dialogue: Ce lieu n'est jamais un point fixe. c'est le réseau des rapports dans lequel le Christ déploie son être.. …Il est partout et nulle part. "La forme est elle-même vacuité et la vacuité est forme" Ce vide est le mode d'existence du Christ dans l'histoire, comme son mode d'être eschatologique.

"L'être du Christ ne doit pas être compris comme une essence objectivement réelle mise en face du croyant. Plutôt son être est l'être de la vacuité, la négation de tout attachement au soi et à l'essence dans la conscience de l'être de la vie dans le monde comme produit en dépendance." L'expérience du Christ est l'expérience de la sagesse vide dans laquelle les essences sont remplacées les rapports fluides .

La croix est une question ouverte et le salut ne vient pas seulement du kerygme nu de la croix, mais de sa rencontre avec une situation , elle est présente partout où l'être humain assume sa finitude, elle ouvre une espérance eschatologique, ce vers quoi pointe l'événement qui a déjà lieu en Christ , espace du jeu, de l'éveil. Il y a un écart entre la figure historique et eschatologique du Christ.

1.1.3 -Le Vide comme écart entre le temps et l'éternité, comme "entre deux"

Pour rencontrer le Christ, il faut d'abord retrouver son visage historique et juif, et ensuite mettre au jour les résonances réelles qu'il suscite dans la conscience contemporaine. "Qui dites vous que je suis?"  Entre l'avenir eschatologique et l'immédiateté pneumatologique de l'incarnation, il y a tensions et contradictions, interactions et corrélations entre le temps et les cultures,  interdépendances qui est la marque de la vacuité de toutes représentations du Christ. Cet "Entre deux" est le lieu et la condition où l'esprit peut se manifester. De cet "entre" il est "l'inconnu qui creuse" dit René Char. Celui-ci ne se fige jamais dans l'objectivité pure mais il porte toujours la marque de la subjectivité qui l'appréhende. L'interdépendance entre le monde et la subjectivité est la marque de la vacuité.

L'esprit est la liberté du Christianisme qui dépasse toutes ses formes. Le présent de l'esprit est irrécupérable par le langage. Il est un saut dans l'intimité par delà toutes les dialectiques déconstructives, par delà la pluralité des jeux de perspectives, il y a un saut dans le vide.

Le sens de l'expérience du Christ comme de celle du Bouddha est une "percée de la la liberté divine dans la vie humaine qui en a besoin, ou la pleine éclosion de la liberté humaine au soleil du divin éludant tout dire adéquat". Tout sens est contextuel et toutes vérités historiques. Cette éclosion a lieu de manière très concrète, portant toutes les marques du lieu et du temps où elle se réalise. Jésus ouvre un espace de liberté sur le plan de la spiritualité, comme sur le plan social et culturel.

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1.2 - La rencontre de l’Autre

L’autre est une terre inconnue vers laquelle nous nous dirigeons. Autrui reste mon maître parce qu’il me révèle l’au-delà, la transcendance. Il porte sur son visage la trace de l’Infini: " Autrui demeure infiniment transcendant, infiniment étranger. " Dés que nous essayons de rencontrer l’autre cela nous demande un exode, de nous quitter nous même. Il nous semble que nous sommes suspendus dans le vide. Nous quittons le réel pour une chimère. La présence de l’autre nous fait peur, elle nous remet en question. L’Autre creuse un questionnement et non des réponses, il nous vide de nous même.

Il existe trois types de rencontres: la relation conflictuelle, l’ignorance, et l’ouverture à l’autre.

- la première engendre tous les fondamentalismes, les intégrismes. Le rapport avec Dieu et donc avec l’autre est toujours d’ordre émotionnel et non rationnel, c’est pourquoi il peut devenir passionnel.

- la seconde dans l’ignorance est la conséquence d’une tolérance au nom d’un " modus vivendi " comme on le voit dans les pays où cohabite plusieurs cultures et religions, soit d’un " melting pot " comme dans les société moderne pour minimiser les divergences, (athéisme post-moderne, nouvelle religiosité, New Âge).

- La foi ne tend pas à réduire la croyance à un rapport fusionnel avec la communauté des croyants. Au contraire, elle incite à risquer une rencontre qui prenne en compte l’altérité ou la différence de la foi d’autrui. C’est déjà vrai à l’intérieur de l’Église où la tentation de l’uniformité est toujours présente.

Pour rencontre l’autre en tant qu’Autre, il faut d’abord exister soi-même. Pour parler, il faut parler de quelque part, d’un lieu, d’une époque, d’une culture. L’effacement du moi, n’est pas néantisation mais humilité. Ma personnalité ne dépend pas que de moi-même. Notre vie psychique, notre parole et même notre intelligence ont été éveillé par l’autre. Nous avons besoin des autres pour que notre foi existe. Face à autrui, je me découvre moi-même. Le chemin le plus court vers soi-même passe par un autre ", écrit Paul Ricoeur, il me conduit là où je ne suis encore pas allé.

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1.3 - Le vide de soi 

comme condition de la rencontre

ou la pauvreté spirituelle : "Je tue nous"

 

Le vide de soi-même permet de reconnaître l’autre comme Autre et de le distinguer du Même. Le péché étant d’inclure l’Autre dans le Même ou de l’exclure, la volonté de puissance consiste à le diaboliser ou le minimiser pour l’annihiler comme Autre, parce l’Autre dérange. Le péché est le refus du vide engendré par la présence de l’autre. :Il nous faut aujourd’hui apprendre à penser l’absolu comme relationnel et non comme un absolu d’exclusion ou d’inclusion, absolu de causalité ou substantiel. Ce vide est créateur de la distance et donc de la relation, il est l’expression d’une attitude de disponibilité, d’accueil et d’écoute. " Le vide en soi permet de reconnaître l’autre. " Il conditionne, dans la rencontre des autres, le dévoilement d’un troisième terme. " Chacun se vide de soi au bénéfice de son partenaire… ce vide conditionne la rencontre chez tous les deux, avec une valeur, une présence qui requiert pour se manifester, cette sorte d’espace oblatif où l’aimant, pour l’accueillir, s’ouvre à l’aimé en se désappropriant de soi.… Il y a donc quelqu’un en qui nous communions avec autrui… dont la présence peut seule nous délivrer de l’être préfabriqué que nous devons subir. " C’est pourquoi une " bonne communication se fait grâce au vide créateur qui ouvre un espace à la liberté d’autrui. " Si l’on quitte ce centre, on est sûr de rompre la communication. Cette expérience du vide, il faut la faire à chaque instant, sinon il est impossible de communiquer pour ne contraindre et ne blesser personne.

Pour passer de l’univers des choses à celui des personnes, l’individu doit quitter le donné et son moi-égoïste en accueillant le vide, déstabilisant mais créateur d’un autre équilibre, non plus statique mais dynamique, que constitue l’univers du don. " C’est de ce dépouillement abyssal où "je" est un autre", c’est de cette évacuation radicale de toute adhérence à soi en Dieu même, que sourd le rayonnement qui nous guérit de nous-mêmes, en nous recentrant dans un moi oblatif qui est pure référence à l’Amour Infini qui le suscite ". Entre l’individu et la personne, il y a un espace à franchir, un abîme de liberté et de pauvreté, où " pour être quelqu’un, il faut cesser d’être quelque chose. " Ainsi la personne ne se trouve qu’en se quittant, elle ne devient elle-même qu’en se vidant. Ce vide de soi permet de sortir de la confusion du "même" pour entrer dans l’altérité où la relation devient possible. Ce vide de soi est appelé à devenir créateur de soi-même comme un autre que soi. En prenant conscience de ce vide intérieur, de cette incomplétude de l’homme, de cette carence d’être de l’individu, la personne s’accomplit. " La richesse de l’être consiste donc d’une certaine manière à se vider de soi. " Ce vide est une forme de silence et de pauvreté, d’humilité, de dépossession oblative dans laquelle on atteint la vraie liberté, la vraie grandeur que dans le don de soi. Il ne signifie pas autre chose que ce dépouillement intérieur à Dieu même que François d’Assise adorait avec une ferveur si passionnée sous les traits de Dame Pauvreté. Ce vide à travers lequel nous nous rejoignons, suppose un abîme de silence qui nous ouvre à l’écoute, à l’accueil de l’autre.

L’humilité et la pauvreté, écrit Lévinas, sont une façon de se tenir dans l’être, un mode ontologique, non pas une condition sociale. Se présenter dans cette pauvreté d’exilé, c’est interrompre la cohérence des choses, percer l’immanence sans s’y ordonner.

 

Il y a deux types de religions pour exprimer le lien entre l’homme et Dieu:

- les mystiques: Taoïsme, Hindouisme et Bouddhisme primat du voir du symbolique, regard vers un Autre monde, fuite Nirvana.

- et les prophétiques: Judaïsme, Christianisme, Islam primat de l’écoute: éthique, discours et rationalité et action, dans ce monde.

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2 - Le vide dans l'expérience spirituelle de l' Occident  

( art. Le vide M. Dupuy Dictionnaire de Spiritualité)

Pour Aristote: la nature a horreur du vide

Pour certains lecteurs de la Bible La création " Ex Nihilo ", tout chose sort du néant. La Bible distingue la pauvreté matérielle attire à soi, la pauvreté spirituelle qui est élan vers l’Autre.

Philon d’Alexandrie: sainteté = vide et donc la distance

transcendance, altérité = vide des passions, des soucis du monde mais ce n’est pas être sans désir, mais purification du désir.

Pour les Pères du désert, Evagre Jean Climaque et Clément d’Alexandrie: il faut faire le vide des passions et des soucis du monde et non pas être sans désir mais pur désir

Augustin emploie déjà l’image du vase qu’il faut vider pour le remplir d’autre chose. " Verse ce que tu as pour recevoir ce que tu n’as pas. "

Les mystiques Rhénans avec Eckhart et Tauler:

On peut rapprocher ce thème du "vide créateur" au grund de la mystique rhénane, avec Maître Éckhart et Tauler. Éckhart dira de même : " Être vide de toutes les créatures, c'est être rempli de Dieu. Être rempli de toutes les créatures, c'est être vide de Dieu ". Dieu naît en nous dans la mesure où nous nous détachons de nous-mêmes. Tauler en parlant des trois degrés de la vie intérieure : jubilation, pauvreté d’esprit et union, écrira que le second degré est un " étrange éloignement de Dieu qui laisse l’esprit dans un douloureux dépouillement ". Celui qui a le cœur vide a puissance sur toutes choses. Être vide de toutes les créatures c’est être plein de Dieu, être plein des créatures, c’est être vide de Dieu. Il faut être vide de soi, des créatures et de Dieu., c’est à dire "  être vide de tout savoir, ne pas connaître ni savoir, ni sentir que Dieu vit en nous. " L’action de se vider comme de se remplir est l’œuvre de l’Esprit Saint.

 

TAULER
"C’est pourquoi tu dois te taire: alors le Verbe de cette naissance pourra être prononcé en toi et tu pourras l’entendre; mais sois sûr que si tu veux parler, lui doit se taire. On ne peut mieux servir le Verbe qu’en se taisant et en écoutant. Si donc tu sors complètement de toi-même, Dieu entrera tout entier; autant tu sors, autant il entre, ni plus ni moins. …Alors que toutes choses étaient dans le plus grand silence, et que la nuit était au milieu de son cours, c’est alors Seigneur, que de ton trône royal descendit la parole toute-puissante, le Verbe éternel sortant du cœur de son Père. C’est au milieu du silence, au moment où toutes les choses sont plongées dans le plus grand silence, où le vrai silence règne, c’est alors qu’on entend en vérité ce Verbe, car si tu veux que Dieu parle, il faut se taire; pour qu’il entre, toutes choses doivent sortir."

 

RUUSBROEC
"Car une lumière insaisissable rayonne et naît dans cette ténèbres; elle est le Fils de Dieu, en qui l'on contemple la vie éternelle. C'est en cette lumière aussi que l'on commence à voir. Elle est accordée dans l'être simple de l'esprit, … dans la vacuité vide qui s'ouvre dans un esprit dégagé de tout et où il s'est perdu, grâce à l'amour de fruition, et où il reçoit la clarté de Dieu sans intermédiaire. Sans cesse il devient alors cette clarté qu'il reçoit. "


SILESIUS

:" Plus tu sauras te vider de toi, plus Dieu t'inondera de sa divinité… On ne contemple en cette vie l'aveuglante lumière jamais mieux que lorsqu'on est entré dans la nuit ". " Vide ton cœur pour Dieu ; Il n’entrera chez toi que s’il voit que ton cœur se tient hors de ton cœur ". "Je suis le vase de Dieu où il se répand, Il est ma mer profonde et ce qui me contient". "La vacuité est comme Dieu, Homme, si tu es vide, l’eau jaillit de toi, aussi bien que de la source d’éternité." L’abîme crie vers l’abîme, l’abîme de mon esprit.

Nicolas de Cuse et la théologie négative dans la docte Ignorance et la réconciliation des contraire. Nicolas de Flue et son schéma …

 

LE CARMEL

Jean de Osuna et Jean de la Croix: Nuit = vide, triple vide de la mémoire, de l’entendement et de la volonté (Ct II 6,8 NO II 21,11 ; VF III, 18), Pour posséder celui qui est Tout, au-delà de tout, nous devons donc renoncer à tout ce qui n’est pas lui comme l’explique Jean de la Croix : " L’âme désireuse de gravir la montagne de la perfection, pour faire d’elle-même un autel d’où monteront vers Dieu des sacrifices d’amour pur, de louange… elle n’a plus en elle que Dieu seul. " Il faut donc vider ce Temple de notre esprit pour arriver à une parfaite vacuité intérieure et finalement au dépouillement de soi, qui seul donne la disponibilité à l’action de Dieu en nous.

 

La mystique dépasse les autres modes de connaissance quand elle nous donne le contact de la vie présente et la certitude de ce plérône qu’est le vrai vide, source de toute création, ex nihilo" Pour trouver Dieu, il faut faire le vide en soi et être en état de silence intérieur.

 

Pour Blaise PASCAL: "ce n’est pas la nature qui a horreur du vide, mais la pensée, le vide est une pièce nécessaire et essentiel de la physique," L’horreur du vide n’est qu’imaginaire, elle ne tient pas à l’épreuve de la réalité. Ce n’est qu’une métaphore du réel, le vide est le centre de gravité qui rend compte de tous les équilibres solides liquides et gazeux. Il est le contrepoids de la pesanteur.La nature n’a pas plus un désir d’infini qu’une horreur du vide. Comme cette horreur, le désir appartient à la pensée.

 

Bossuet : L’âme trouve en soi-même un vide infini que seul Dieu peut combler.

Bérulle et Olier : nue capacité et pur vide en moi-même, la kénose du Verbe

 

HEIDEGGER dans une étude sur Nietzsche écrit : " L’être est le vide extrême, et il est en même temps la richesse dont tout ce qui est. " Quand l’homme est vide, l’eau de l’esprit jaillit en lui.

Une philosophie qui s’évade du quotidien est vide L’émerveillement, l’étonnement premier, est la source de tout questionnement, et donc de toute métaphysique.

 

SIMONE WEIL le "mot-clef" de la pensée de S. Weil dans La pesanteur et la grâce est la "nudité". " On est livré nu à la lumière ".: " Accepter un vide en soi-même, cela est surnaturel". " La grâce comble, mais elle ne peut entrer que là où il y a un vide pour la recevoir, et c'est elle qui fait ce vide. " Ce vide métaphysique ne se réduit pas au néant sartrien. Il n'est pas isolement, replis sur son égo et un refus de l'Autre, mais, par delà l'expérience du bien et du mal, de la souffrance et de la joie, c'est un détachement, une disponibilité et une ouverture sur une plénitude et une communion. " Tout au fond, au centre de son amertume inconsolable. Si on tombe en persévérant dans l'amour jusqu'à ce point où l'âme ne peut plus retenir le cri "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné", si on demeure en ce point sans cesser d'aimer, on finit par toucher quelque chose qui n'est plus le malheur, qui n'est pas la joie, qui est l'essence centrale, essentiel, pure, non sensible, commune à la joie et à la souffrance, et qui est l'amour même de Dieu." "Qui supporte un moment le vide, ou reçoit le pain surnaturel, ou tombe. Risque terrible, mais il faut le courir, et même un moment sans espérance. Mais il ne faut pas s'y jeter."`

" Il ne faut pas chercher le vide, car ce serait tenter Dieu que de compter sur le pain surnaturel. Il ne faut pas non plus le fuir. Le vide est la plénitude suprême, mais l'homme n'a pas le droit de le savoir. La preuve est que le Christ lui-même l'a ignoré complètement, un moment.

"Tous les péchés sont des tentatives pour combler des vides".

"À mesure que je deviens rien, Dieu s'aime à travers moi."

 

En conclusion

 

Trois notions fondamentales que représente le terme vide en Occident:

1 - Renoncement: "Celui qui renonce pas à tout ne peut être mon disciple"

2 - Négation de toute représentation "Le vide n’est pas abolition de la conscience"

3 - La rencontre de l’homme avec Dieu est un mystère de Vacuité.

"La vacuité est comme Dieu, Homme, si tu es vide, l’eau jaillit de toi, aussi bien que de la source d’éternité." (Silésius)

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3 - Le vide en Orient

Dans le Bouddhisme: La notion de vide (sunyata), lié à celle d’insignifiance et d’absence de désir aboutit à celle de libération (Nirvana); le vide est une terme sotériologique. On ne peut en faire un concept ni lui donner une signification ontologique. Il n’est pas un néant absolu, ni la non-existence. Il ne s’agit pas d’affirmer que seul le vide existe ou que tout est réellement vide. Cette doctrine révèle l’infini en écartant ce qui l’obscurcit. C’est une méthode pour entrer dans la véritable réalité. Pour Suzuki, Le vide des choses ne signifie pas leur néant mais l’aspect limité de toute existence sensible.

Dans le Taoisme: Le Tao est un récipient vide où l’on peut cependant puiser. C’est lui qui engendre toute chose en ce monde. Lao Tseu identifie le Tao à l’abîme qui est l’ancêtre de tous les êtres. Si l’on symbolise traditionnellement le monde par une roue, le vide est au centre et ce vide est la pièce essentielle de l’ensemble. "Les trente rayons qui forment une roue sont inutilisables. C’est le vide qui les unit qui fait d’eux une roue dont on peut se servir. ". Le vide pour le Taoïsme est l’état primordial non manifesté. " Si je renonce au monde, je peux m’élever porté sur le dos de l’oiseau de la conscience qui ne s’appartient pas, et aller au-delà de l’espace errer au village de nulle part et établir ma demeure dans le pays étendu du vide " Soyez vide voilà tout. l’homme parfait se sert de son esprit comme d’un miroir où se reflète l’éternité.

La notion bouddhique de vide s’harmonise mieux avec la conception actuelle de la matière, constituée d’atomes d’énergie colossale ayant le vide pour domaine

 

Dans l’hindouisme : "Le jeu du vide et du plein dans l'Inde brahamique. Il convient …de faire le plein…regarder est gratuit, pour l'instant et jusqu'à nouvel ordre, mais on ne sait jamais. Les théologiens se consultent: que recèlent le sens caché des textes? Il n'y a que du vide en ce sens que la réalité n'est pas à chercher dans les substances mais uniquement dans les relations. Quand il s'agit de nommer l'absolu les vocabulaire du plein et du vide sont interchangeable. Le regard vertigineux et vide de la vérité. Vertigineux en son immobilité, vide en sa plénitude, état de vide, instant de communion avec l'être."

 

En conclusion je présenterai quelques passages de l’étude récente, d’un jésuite américain; O’Leary, La vérité chrétrienne à l’épreuve du pluralisme religieux, Cerf, 1995

Entre Jésus et Bouddha nous sommes en présence de deux figures historiques pour penser Dieu et la vacuité "Ces deux langages sont l’un et l’autre des doigts qui ont pointés vers l’innommable réalité ultime pendant des millénaires. Il se peut que le jeu entre ces deux langages nous serve dans l’avenir de doigt indicateur, chacun d’eux n’étant qu’un moyen malhabile sans le secours de l’autre"."Le défi bouddhiste recèle la grande promesse d’une continuation de la tradition monothéiste au-delà de la démystification en marche depuis Feuerbach et Nietzsche. Cette promesse pourrait nous libérer d’un piétinement d’un discours biblique et ecclésiastique." Pour le bouddhisme, les notions de personne et de Dieu autosuffisant, indépendant de ses créatures se présentent comme deux illusions substantialistes. La notion de vacuité sert de thérapie des illusions métaphysiques. "Dieu est le néant absolu qui par sa kénose devient la plénitude du cosmos. C’est l’aboutissement de la projection littéral de Ph 2, 6-11. Un Dieu qui souffre ne va pas assez loin, il faut que Dieu se dépouille de sa divinité et de son être même. " "La vacuité nous sauve des attachements et des fixations qui nous rendent aveugles et esclaves, et du même coup, elle guérit de toute idolâtrie, la pensée que nous avons de Dieu. La Vérité du Christ ne trouve que des revêtements culturels inadéquats pour s’exprimer, (Grecque, juive et latine). Le Logos n’est pas pris à notre langue. Nous ne pourrons jamais l’objectiver. puisqu’il n’est pas quelque chose mais quelqu’un "Le Logos divin se rend présent comme la béance sur laquelle tombe tout logos humain; il représente moins une plénitude total que ce qui rend toute totalisation impossible".

L’image du Christ qui se forme à ce carrefour n’est plus une présence stable se posant devant nous comme objet d’adoration, mais elle se présente plutôt comme un processus dynamique inscrit dans la vie même. Cette relativisation affecte toute forme prise par le christianisme dans le temps mais n’affecte point le processus de transformation créatrice par lequel vit celui-ci, processus qu’il connaît comme le Christ". Le Christ n’est pas tel ou tel figure que l’on projette sur son Nom mais le processus de transformation. C’est une manière de nommer ce qui est au cœur de l’événement christique, son sens un sens qui se déploie encore aujourd’hui; Le Logos s’étend dans la communion et le partage, il ne s’incarne donc pas dans un individu isolé mais dans un mouvement communautaire qui s’étend sur les chemins de l’histoire

De nos jours, le christianisme est non seulement à la recherche du Dieu inconnu que toute religion désigne de manière fragile et provisoire, mais aussi du Christ inconnu qui nous attend dans toute religion, voire dans tout être humain.

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4 - Le vide, comme expérience spirituelle  

d’orient et d’occident

donc comme ouverture sur une autre métaphysique,

Des hommes et des femmes, partant de bases apparemment très éloignées les unes des autres - par exemple un chartreux et un moine bouddhiste - peuvent se rencontrer et se reconnaître au cœur d’une recherche et d’une attitude intérieure communes. " On peut, alors, se demander si tous les mystiques ne se rejoignent pas dans une même attitude ? Au delà des formulations différentes, n’y a-t-il pas " finalement une identité fondamentale de saveur moniste ? "

De nombreux auteurs comme Henri Le Saux, Vladimir Lossky et Yves Raguin , Odon Valletont montré la convergence profonde entre cette expérience du vide avec celles que nous trouvons dans les traditions d’Extrême Orient. La vacuité est, en effet, un thème central dans la plupart de ces religions mais elle ne doit pas conduire comme dans certaines mystiques à la négation de la création et de la personne, mais à son assomption. Il ne s’agit pas de " tuer le désir " et les objets du désir et par là de tuer la personne humaine. Le christianisme ne propose pas de détruire l’individu dans sa capacité de désirer mais d’ordonner les passions et de transfigurer la personne. La véritable vacuité permet la désappropriation de soi et l’éveil intérieur comme en témoignent Dom Henri Le Saux et son disciple John Griffid, tout deux partis à la rencontre de l’expérience spirituelle de l’Inde. Il faut se garder de deux tentations de monisme et de dualisme Nous devons respecter toujours l’équilibre entre l’immanence et la transcendance. L’union à Dieu opère une véritable transformation de l’individu mais elle n’aboutit pas à une parfaite identité ni à une fusion entre l’homme et Dieu, elle est sans confusion ni mélange. Elle est une rencontre de deux libertés dans le respect de l’altérité de chacun. Il n’y a ni dépersonnalisation ni sur-personnalisation dans une fusion dans un Grand Tout.

 

Il doit y avoir rupture et continuité. Rupture parce que l’annonce de l’évangile coïncide avec l’irruption d’une nouveauté: le Christ; continuité parce que cette annonce se fait dans des modes de pensées, dans des langages, dans la culture des hommes auxquels on s’adresse. Dieu est patient. Il attend et attendra tant qu’il faudra. Tant que son Église ne sera pas prête à plonger au sein du fond et à recueillir la perle, il continuera à inspirer les sages de l’Inde, il maintiendra la lignée des rishis dépositaires et gardiens de ce secret, visiblement et apparemment hors de l’Église indifférente, invisiblement et en réalité en son sein même, en longue gestation. Il faut accepter de plonger très profond pour découvrir cette perle, non une plongée intellectuelle qui révèle si peu en réalité, mais la plongée aux sources mêmes de l’être là où l’Inde attend, là où l’Église attend, où l’Inde attend que son secret soit délivré dans et par l’Église,"

 

La " mystique du vide " demande donc du discernement pour ne pas se perdre dans l’illusion de l’inconscient et dans la disparition de l’être. Il ne s’agit pas de nier le dynamisme de la conscience mais de le purifier. Ce vide est un vide matriciel, il est le lieu de la naissance de Dieu en nous. Ce vide peut être mal compris. Il n’est pas un vide d’être, mais un vide d’avoir, de pouvoir et de savoir sur les choses. S’il nous faut nous désapproprier des choses, ce n’est pas pour les nier, mais pour ne pas en être l’esclave, et ainsi devenir disponible à Celui dont elles sont le sacrement ; ce vide du fini est, en fait, un plein qui s’ouvre sur l’infini. Ce vide du fini est fécond de l'infini. Le monde visible n’est pas une illusion, mais une allusion à un autre monde. Ce vide est plein d’une attente, il est un abîme rempli d’une présence-absence, qui est à la fois déjà là et pas encore.

 

Le vide, comme voile de l’être, est la figure du Dieu caché, symbole du Non-être d’où toute création jaillit. La ressemblance entre les mystiques orientales et occidentales vient de ce que " le vide du mystique oriental, comme le rien du mystique occidentale, est un symbole du numineux, du Tout Autre. On ne peut rien dire de lui parce qu’il est radicalement autre que tout ce qui existe ou peut être pensé "

 

"Penser le vide, c'est toujours penser quelque chose, ce n'est donc pas rien; l'énoncé n'est pas vide. Le vide n'est pas un objet de connaissance. Là où le métaphysicien attendait une substance ou un absolu. Le physicien ne rencontre qu'un vide relatif, un rapport expérimentale? L'horreur du vide attribué à la nature "apparaît chez le pseudo Alexandre d'Aphrodisée, lequel expliquait ainsi l'action du siphon ou la montée du liquide dans un tuyau dont on aspire l'extrémité sans se soucier d'en remonter la cause."

 

Le vide est réel et sans résistance. Il est réel, il n'est pas rien sinon il ne serait pas Il n'est ni rien ni quelque chose. Son non-être n'est pas un absolu néant, il se place entre le rien et l'être, comme l'exprime Pascal: il y a autant de différence entre le néant et l'espace vide, que de l'espace vide au corps matériel, et qu'ainsi l'espace vide tient le milieu entre la matière et le néant."

" Le vide n'est pas impossible dans la nature et qu'elle ne le fuyait pas avec tant d'horreur que certains se l'imaginent." La force de cette horreur, nous dit Pascal, est limité à la hauteur d'une colonne d'eau de trente et un pieds

 

Le vide n'est pas Dieu,

le vide est relatif entre Dieu et la matière.Le vide est créé. Le "nihil" de la création "ex nihilo" n'est pas opaque; le vide créé "in nihilo". Il n'y a pas de vide de Dieu, mais Dieu peut être présent dans le vide.

 

A moins que l'appel du vide ne nous soit une vocation à la liberté? Après le monde clos, l'espace libre, infini. "La répugnance que la plupart des hommes montrent pour l'athéisme ressemble parfaitement à l'horreur du vide; ils ont besoin de croire en quelque chose."

"Le grand Vide, que le méditant perçoit et auquel il participe, est l'opposé même du rien caractéristique de tout nihilisme. Il est la suprême Plénitude"

"…à s'approcher, si possible, de la vraie positivité, c'est-à-dire du Vide primordial, de ce Vide qui n'est pas le néant" "Cependant le Rien( Das Nichts) est radicalement différent du Néant (das Nichtige) il ne néantifie pas, mais ouvre sur l'espace de l'être." Pour distinguer le rien, propre au nihilisme, de celui que l'on trouve par exemple chez Maître Eckhart, certains auteurs oppose la vacuité au vide, mais la plupart se contente de recourir à la majuscule, le vide et le rien ou le Vide et le Rien. La majuscule par sa dignité, son altitude serait un avertissement, un indice: il ne faut pas confondre le Rien avec le néant et c'est pourquoi certain n'hésitent pas à parler d'un Rien substantiel" et de "La Vacuité est".

"Ce vide, différent de tout autre vide, mériterait un tout autre nom." Ce Vide qualifié par Henri Michaud, de "violent, actif, vivant" "Un vide qui aurait qualité de plein, de chose consistante, de vérité"la majuscule a pour fonction de conjurer le nihilisme, mais le maintien. elle interdit tout passage direct à l'ontologie. La majuscule rature le mot vide, mais le mot rature la majuscule.

A-théologie,ou théologie négative nous sommes toujours tentés de remplir ce vide et de passer du vide à la plénitude ou plutôt à une plénitude qui effacerait tout vide.

C'est pourquoi Eckhart écrit. ¡" Je prie Dieu de me libérer de Dieu" La Divinité frêle est un Rien, un sur rien" dit Angelus Silésius

Ne pas remplacer purement et simplement Vide par Plénitude, Rien par être ou par Dieu, n'a pas pour fonction de tourner l'homme vers le néant , mais de maintenir la distance qui sépare l'homme de la déité, distance que même la mort ne peut abolir. L'athéisme est une méthode, celle de Simone Weil: "Je suis tout-à-fait sûre qu'il n'y a pas de Dieu, en ce sens que je suis sûre que rien de réel ne ressemble à ce que je peux concevoir quand je prononce ce nom Mais cela que je ne puis concevoir n'est pas une illusion" l'homme doit se vider de toute représentation de Dieu, parce qu'elle sont nécessairement inadéquate: l'athéisme exerçant une purification, est donc une méthode, mais si la méthode est ordinairement une démarche et même un chemin, ici il n'est pas question d'aboutir à Dieu, car le terme étant situé à l'infini, à proprement parler il n'y a pas de terme, ni de commencement. Même si l'on s'éloigne, grâce à la voie négative, des idoles que l'on confondait avec Dieu, on ne saurait , par définition, s'approcher de l'Infini, de ce qui demeurent à jamais transcendant: Contrairement à la formule de Pascal: "Tu ne chercherais pas si tu ne m'avais pas déjà trouvé", le juste rapport de l'homme à Dieu est celui du "désespoir" pour reprendre une formule de Grégoire de Nysse. "On ne saisit pas Dieu. Dieu est Rien pur. Nul maintenant, nul ici ne Le touchent. Plus tu cherches à Le saisir et plus Il t'échappe" ce distique d'Angélus Silésius montre bien pourquoi la voie négative ne peut se sublimer en Affirmation finale, pourquoi le non-rapport, le vide, est le seul rapport de l'homme à Dieu.

Peut-on dire: Le Vide, c'est la face de Dieu en tant qu'elle est tournée vers l'homme, ce que l'homme peut saisir de Dieu: un Rien pur? C'est déjà trop dire, car la face de Dieu est toujours déjà détournée, de toute saisie, et pourtant ce serait justement par cette déception, ce renoncement, correspondant au retrait du divin, que l'homme s'accorderait à la Déité. Tel est l'ultime retournement (où l’échec lui-même se transforme en succès ou du moins ne peut pas seulement être pensé en termes d'échec) que l'on trouve chez les maîtres de la théologie négative: "Ne pouvoir l'atteindre, c'est notre découverte; l'échec notre succès, écrit Eckhart. Ruusbröeck de même écrit: "Le vin le meilleur et le plus délectable, comme aussi le plus enivrant, est celui dont ne boit que la Trinité même. Et c'est de lui que , sans y boire, l'âme anéantie est enivrée, âme libre et ivre! Oublieuse et oublié, ivre de ce qu'elle ne boit pas et ne boira jamais."

Hyper-ontologie chez Eckhart: "Quand j'ai dit que Dieu n'était pas un être et était au dessus de l'être, je ne lui ai pas contesté l'être, au contraire je lui est attribué un être plus élevé"; ceux qui font du désert sans accès" quelque Terre promise où il serait possible d'entrer, qui maintiennent donc absolue la distance et irréductible l'écart, trouvent cependant dans ce non-rapport le seul rapport juste avec l'Inconnu, justesse dont l’ivresse serait la preuve, mais cette "sobria ebrietas" elle-même n'est-elle pas, si ce n'est une plénitude, du moins une compensation qui vient masquer l'inhospitalité d'un désert sauvage et par conséquent la terreur du vide?

La théologie négative ne pourra jamais remplacer le vide par la plénitude, le rien par l'être et le néant par Dieu, même si elle en éprouve le constant et l'insurmontable désir; bref l'absence ne peut jamais céder sa place

UN = NU

La nudité dans l’être ensemble engendre l’unité. La transparence fait naître la beauté et engendre l’amour. Zundel écrit: "Dieu est tout parce qu’il n’a rien, parce qu’il est nu. vide de l’avoir et donc plénitude de l’être. Dieu apparaît comme celui qui n’a rien "Dieu est tout parce qu’il n’a rien. Il est tout parce qu’il ne peut rien posséder. Trinité et pauvreté, c’est la même chose." Le vide créateur, la désappropriation de soi est le secret de la Trinité. Le vide est la clé du royaume. Dieu est tout dans l’être parce qu’il n’a rien dans l’avoir. Ainsi Dieu est Dieu dans l’éternel dépouillement d’une connaissance virginale et d’un amour incorruptible." Ce n’est pas la richesse qui te fera pareil à Dieu. Dieu n’a rien. Dieu est nu. "Ses richesses ineffable sont l’amour, le don, trésor de pauvreté. La pauvreté divine est la générosité source qui est la première origine du circuit immense où la liberté trouve son orbite".

La pauvreté qui est Dieu, François a eu l’intuition de cette réalité brûlante que Dieu était la pauvreté, il avait deviné que là était le secret de Dieu. "Dieu n’est pas propriétaire de la création; La pauvreté de Dieu est qu’en Lui est désappropriation de soi par le don de soi. Le Père est désapproprié, il a tout donné au Fils, le Fils est désapprioprié, il a tout donné au Père. L’Esprit Saint est désapproprié il a tout donné au père et au Fils dans son mystère même. Dieu est en état de don et non pas de possession. Dieu est en action de don. Dieu est un mendiant d’amour. "Jésus de riche qu’il était s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté" (2 Cor 8,9)

"Jésus n’est pas un maître parmi les autres,

il n’est pas l’auteur d’une doctrine

parmi les autres doctrines,

il est le dépouillement de Dieu,

la pauvreté infinie inscrite au cœur de l’histoire. 

Le fils de l’homme n’a pas de pierre

où reposer sa tête";

car sa demeure est le vide

 

5 - Conclusion

Dieu "est" et "fait" lui-même le vide qu’il comble. Plénitude et vacuité sont simplement deux modes de l’unique présence de Dieu. Comme le Tao est à la fois vide et plein. L’incarnation de la vacuité en Jésus-Christ est le signe de la compassion divine . Elle est une représentation comme une autre, (que se soit celle du Nada,  de Dame pauvreté ou de la divine pauvreté), elle est une représentation  de l’être du Christ, qui s’est vidé de la toute puissance de sa divinité, pour se faire homme. Si Dieu est un mystère de vacuité., c’est parce qu’il est essentiellement un mystère de pauvreté.

Dire que Dieu est le vraie "nom" de la réalité ultime et qu’un autre nom, produit dans une autre histoire, tels "brahman" ou "vacuité", est insuffisant, c’est émettre un jugement qui suppose qu’on embrasse du regard les deux cultures en cause et qu’on ait maîtrisé leurs intuitions et leurs mobiles les plus profondément enfouis. Si on proclame la supériorité d’un langage humain sur un autre sans avoir accompli toutes les études préliminaires qu’un tel jugement exige, on sera victime d’une illusion de vouloir parler à la place de "Dieu", même, de la réalité absolue elle-même, quand en fait on n’occupe qu’une position finie dans le jeu des styles de pensée religieux inventée au cours de l’histoire.

L’expérience du vide n’est-elle pas que la trace d’un plein, l’enveloppe d’une présence qui se vit sous la forme d’une absence. Mais ces tentatives de faire coïncider un Dieu kénotique avec le néant absolu méconnaissent le pluralisme intrinsèque des traditions religieuses. Retournement du subjectif et de l'objectif,  du positif et du négatif., "c'est aussi le sens de la philosophie des Upanishads".

L’expérience du vide nous amène à découvrir la vraie dimension d’existence. Seul le vide de soi et de toute représentation permet de se retrouver, de se rencontrer. Le vide est la condition de tout dialogue, la condition de la manifestation de tout, comme dit Heidegger. L’infini n’est pas un contenu à posséder, mais un contenant dans lequel il faut se perdre pour se trouver. Nous fuyons le vide au lieu d’y reconnaître l’appel lointain du dieu inconnu qui peut seul nous pacifier et combler notre dénuement en unissant nos solitudes. Et si le vide n’était que la trace des pas de Dieu dans notre vie? Et si l’appel du vide n’était en nous que l’expression de notre vocation à la liberté. Après le monde clos et l’univers fini d’Aristote, il est temps d’entrer dans l’ère de la liberté et de l’univers infini. L’horreur du vide n’est-elle pas l’expression d’un besoin humain de croire à quelque chose, alors qu’il nous faut croire en quelqu’un. La religion a besoin de mots et de rites, alors que la vraie foi est attente et pur désir.

"Dieu est Dieu parce qu’il n’a rien, Il est Tout parce qu’il ne possède rien" répètait Maurice Zundel

Si le tombeau vide est l’antichambre de la résurrection., l’Église naît dans ce vide de cette divine vacuité qui est l’antichambre de la résurrection. Alors ce vide est créateur et devient Plénitude. Urs Von Balthasar parle de hiatus. Enfer ou ciel qu’importe, nous dit Baudelaire, saison en enfer ou  du paradis, ou chemin de Damas, le vide reste la porte du mystère de la rencontre et du dialogue, le lieu de l’expérience de l’Autre."Là il n'y a plus ni juif, ni grec, ni homme ni femme, il n'y a plus que des frères.  La vacuité est le secret derrière lequel Dieu se cache. Ce vide est la condition nécessaire à l’équilibre et à l’harmonie entre les peuples.

"Sans feu ni lieu", sans pierre où reposer sa tête", "Où demeures-tu?" Sur ce chemin de l’errance, celui qui ne mène " nulle part ", quand, subitement, tout à coup, comme disent Chestov et Kierkegaard, nous voici jeté dans un monde ouvert, infini qui n’étant plus à notre image n’évoque plus l’horreur du vide mais la plénitude de la Présence. Ce qui caractérise ce moment sublime est qu’il est inattendu. C’est Saint Paul sur le chemin de Damas, Pascal dans la nuit du Mémorial, Claudel derrière son pilier à Notre Dame, Nietzsche dans le silence de Sils Maria. C’est le passage à une autre sphère chez Aristote, une fulguration de l’être propre pour Heidegger.

"Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est notre foi! ". nous dit Saint Paul. Oui sans la figure, le vide en soi paraît. La résurrection est bien une illusion, mais une double illusion; illusion d'une faille qui ne serait plus en nous, illusion d'une figure totale qui en nous réparerait toute séparation. En échange certes d'une certaine aliénation, l'église, parole continuée et constitutive, met en scène des processus fixes et des rituels de projection ou d'incorporation par lesquels le refus individuel du vide et de l'angoisse pourra s'énoncer en figure extérieure.

Le jeu de bien des paroles institutionnelles n'est-il pas de creuser un vide en certains "monumenta" et d'y maintenir des figures qui permettent, en échanges dès lors de bien des soumissions et méconnaissances, de fixer là , l'angoisse de nos conflits, ruptures et béances, et de miner de façon conjuratoire, ce qui fait si peur à chacun: sa propre béance et sa vacuité qu’il ne suffit pas de nommer Dieu pour la combler.

Parabole de l’heure du shabbat: Le passage par le vide est  le moment de la rédemption. "L’heure du Shabbath? demande un rabbin à ses disciples. C’est quand on ne peut distinguer un palmier d’un dattier? Non dit le rabbin. C’est quand on ne peut distinguer un chien d’un mouton?, Non, dit le rabbin. L’heure du Shabbath, c’est quand tu vois une femme et que tu reconnais ta sœur, quand tu vois un homme et que tu y reconnais un frère. Avant il fait encore nuit dans ton cœur".

Au centre de l’étoile de la Rédemption, il y a le vide comme le secret qui ouvre sur le royaume, comme la clé qui ouvre sur le mystère de l’être. Derrière ces visages, ces représentations, ces rites, ces cultures, il y a partout des possibilités infinies. On a le choix entre "Je est un autre", comme Rimbaud et Zundel ou "l’enfer c’est les autres"comme Sartre, suivant le regard que l’on porte sur l’autre. L’essentiel n’est pas dans le ceci ou le cela, l’essentiel est dans le regard, c’est lui qui sauve du désespoir de la critique qui juge et tue l'autre en tant qu'autre... Le regard est ce qui transfigure toutes choses en dévoilant la vraie beauté de la divine présence. Car les choses ne sont là dans l’être que comme sacrement. Nous ne voyons pas le réel tel qu'il est, mais tel que nous sommes.   Il y a un "Je" universel  caché au fond de toutes choses,  un "Je" qui nous rassemble, un "JE" qui nous établit en communion, un Je" qui n’est pas nous mais en nous et au-delà de nous, fragile, secret et silencieux comme la flamme d’un cierge. Ce " JE" caché derrière le voile du vide  est un vide créateur, c’est le "Christ vide" , qui nous attend au cœur de chaque recontre, de tout dialogue, comme le secret et le mystère et la source du vrai Dieu et de l'homme véritable. Il est la condition de l’amour et de la liberté. Et c’est là le vrai Dieu et il n’y en a pas d’autre.

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Petite Bibliographie en langue française

VIDE

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Roucou Ch., "Christ et voies spirituelles", dans la Lettre aux communautés, n° 165, Mission de France , Mars-Avril 1994, p. 3-16.

Machado, "La pensée de l’Inde interroge notre foi", dans la Lettre aux communautés, n° 165, Mission de France , Mars-Avril 1994, p. 48

Comby J., H. Kung, G. Siegvalt, "Christianisme et religions, Un dialogue exigeant", dans Lumière & Vie, n° 222, Avril 1995.

Kovac E., Rencontre avec l’autre, les croyants des autres religions.

Colloque de l’ISTR, sous la direction de Aveline J.M, Chemins de Dialogue, Marseille, ISTR, n°1,2,3,4 & 5

Bergeron R., "Les religions sont-elles des demeures de Dieu? "dans Où demeures-tu?, Fides, 1994

 

Dictionnaires

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Documents Romains

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Encycliques: Ecclesiam sanctam, 1994; Redemptor Hominis, 1979, Dominum et Vivificantem, 1986, Redemptoris Missio, 1990

Exhortation apostolique Evangélii Nutiandi , 1995

Discours de Jean-Paul II aux Cardinaux et à la curie le 22/12/86 (après la rencontre d’Assise), , in D.C. 1993 , 1/2/1987

"Dialogue et annonce", Document du Conseil Pontifical pour le dialogue inter-religieux et de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, 19 Mai 1991

Jean Paul II, La lumière d’Orient, Lettre apostolique Orientale Lumen, Téqui, 2 Mai 1995

Jean-Paul II, Que tous soient un, Paris, Mame/Plon, 1995

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